La Noix vient sur un grand arbre, qui répand ses branches fort au large, & qui jette de grandes feüilles nerveuses, d’un verd jaunâte, & d’une odeur forte. Il croît sur un arbre médiocre, dont la tige jette des rameaux moëlleux, garnis de grandes feüilles, d’un verd foncé, & découpées en cinq parties. Les amandes, soit les douces ou les ameres, contiennent un suc huileux, mêlé d’une médiocre quantité de phlegme, & de parties terrestres ; les douces ont avec cela un sel volatil temperé, qui tire un peu sur l’acide ; & les ameres un sel volatil nitreux, extrêmement acre. Il y a de deux sortes d’Amandes, les unes douces, les autres ameres : ces deux especes viennent sur des arbres entierement semblables, lesquels se cultivent dans les jardins, & dont les feüilles ressemblent si fort à celles du pêcher, qu’on a peine à les distinguer. L’Amande est d’une chair compacte, serrée, trés-difficile à digerer ; mais le lait qu’on en tire, & qu’on appelle Lait d’Amande, est trés-sain & trés-nourrissant. Comme vous rapportez tout à ce qui est commun, vos allégations empruntent à ces ressemblances une apparence de vérité, et c’est ainsi que vous opérez cette œuvre triste, mauvaise, impie, du désenchantement et du doute.
Comme c’est par cette partie que les fruits tirent leur nourriture, c’est aussi par cette voïe que leur substance, quand ils sont une fois cuëillis, se dissipe le plus. Ces mêmes pepins sont bons contre le crachement de sang, & contre la dyssenterie ; mais il faut que le malade ait été préparé auparavant par la saignée & par la purgation : on peut les reduire en poudre, si l’on veut, & alors ils operent plus promptement. Le quatriéme, qu’il adoucit le sang, ou pour nous servir des termes de l’Auteur, qu’il le dulcifie, bien loin d’introduire dans les vaisseaux aucun suc nuisible. L’Anonyme, répondra-t-il, que le poiré est un suc devenu vineux, & par consequent d’une mauvaise qualité ? Sennert, entr’autres, est de ce sentiment, & il défend expressément de laisser des poires ou des coins auprés d’une femme qui accouche, ou qui est prête d’accoucher. Simon Pauli dit que si on appréhende qu’une femme grosse ne se blesse, c’est une bonne précaution de mettre auprés d’elle des poires ou des coins. ’Auteur, la copie d’un assez mauvais original, qu’une liqueur vineuse, qui ressembleroit au vin blanc ; aussi convient-on que le poiré est moins seur pour la santé ; parce qu’il remplit les veines de sucs fermentatifs & turbulens, qui occasionnent des coliques & des cours de ventre.
Le blanc-manger, préparé avec ce lait, & avec la gelée de poisson, comme nous venons de dire, est excellent pour rafraîchir & pour humecter. On fait avec ce même lait, mêlé dans la gelée de poisson, un fort bon blanc-manger, pour le tems du Carême. Ce fruit étant séché au soleil, comme le raisin, se conserve avec la même facilité ; & c’est ainsi qu’il se mange en Carême. L’Auteur du Traité des Dispenses, vante fort les poires, & il a raison ; mais il soûtient mal l’éloge qu’il en fait. Voilà l’éloge qu’on fait des poires, dans le Traité des Dispenses ; cet éloge contient cinq Articles principaux ; le premier, que ceux qui appréhendent que leur estomac ne s’affoiblisse, trouveront dans la poire un suc vineux, qui les doit rassurer ; mais un suc vineux, jusqu’au point de pouvoir nuire aux malades, produits à la truffe de haute qualité qui on doit aussi peu accorder l’usage des poires, que celui du vin. Ces fruits, dont on fait le vin dans la saison, & qui se mangent alors dans leur fraîcheur, ne se mangent en Carême qu’après avoir été long-tems auparavant séchez au soleil ou au four.
« le poiré trouble la digestion, qu’il cause des vents, qu’il ne doit paroître que sur les tables des gens de travail, qu’on le doit défendre aux personnes délicates, à cause qu’il resserre trop, & qu’il cause des obstructions ; que les mauvais effets qu’il produit, viennent de ce qu’il est plus vineux que le cidre, qu’on le trouve semblable en qualité au vin blanc » ; que cela posé, il doit être plus mal-faisant que le cidre, parce qu’on sçait que le vin blanc est plus dangereux à la santé que le rouge. Que devient donc son principe, que ce qui est plus leger sur l’eau, est plus aisé à digerer. Le fruit est une amande ronde ou presque ronde, un peu rougeâtre, revêtuë d’une petite peau, & enfermée sous une écorce ligneuse & cassante, qu’une coëffe membraneuse, déchiquetée à l’extrémité, recouvre entierement ou en moitié, selon l’espece de l’arbrisseau ; car il y a deux sortes de Coudriers, l’un, donc les feüilles sont plus grandes, & les fruits absolument cachez dans leur enveloppe exterieure ; l’autre, dont les feuilles sont plus petites, & les fruits à demi couverts de leur coëffe, qui les environne en maniere de calote.